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Dix-huitième abbesse.

Elle succéda à Asseline II en 1178.

Marie, dit-on, aurait été chicaneuse et se serait absorbée dans de nombreux procès.

Marie et ses religieuses eurent à souffrir beaucoup des calomnies de Raoul comte de Clermont, de Baudouin seigneur de Quesnel et de son fils. Cette épreuve fut très pénible à la communauté, mais elle en sortit avec honneur. Les coupables ayant reconnut leurs torts , s’efforcèrent de les réparer. Le premiers fit plusieurs donations, le second lui attribua  une rente annuelle de 15 sols 4 deniers et 6 muids de blé.

Elisande de Duny, proche parente de l’abbesse, lui envoya deux de ses filles, dont la vocation à l’état de religieuse avait été suffisamment éprouvée. Elles prirent le voile et prononcèrent leurs vœux et leur mère donna au monastère deux arpents de vigne, la terre de Chesmenais et la moitié du moulin de Thirel. L’autre étant déjà du domaine de l’abbaye.

Gautier chambellan du roi Louis VII assista aussi à la consécration à Dieu de sa sœur Aveline, laissant pour offrande cinq sols et Josselin, père de la nouvelle professe, quinze autres de rente annuelle, somme assez considérable en ce temps là. Le comte de Soisson se joignit à ces bienfaiteurs en accordant à l’abbaye de Chelles le bien appelé La pierre blanche qu’il possédait entre Mitry et Maury. Ces donations sont toutes datées de 1178.

Marie Iere   aurait encouru l’excommunication. On sait que pour subvenir aux frais des Croisades, les évêques de France avaient résolu d’obliger tous ceux qui n’y participerait pas, à payer, sous peine d’excommunication, la dixième partie de leurs revenus et de leurs biens mobiliers. Cet impôt, destiné à soutenir la guerre contre le sultan Saladin, prit le nom de Dîme saladine. Mais on eut beau promettre les bénédictions du ciel à tout chrétien qui payerait dévotement et sans contrainte ce qu’on lui demandait au nom de J.-C., le clergé tant régulier que séculier se plaignit amèrement, allégua que le devoir des princes chrétiens n’était pas de ruiner l’Église, mais de l’enrichir des dépouilles de l’ennemi, et prétendit, en fin de compte, qu’il ne devait contribuer à la guerre que par ses prières. L’abbesse de Chelles aurait donc, comme tant d’autre, refusé de payer la dîme saladine. Et, pour ce fait, aurait été frappée d’excommunication. Mais, ayant écrit directement au pape, elle aurait obtenu que son excommunication fût levée, moyennant la promesse de payer immédiatement la somme à laquelle sa communauté avait été taxée.

Marie mis fin à une autre querelle que lui avaient faite les frères du temple en 1183.

Un fait plus consolant termina les dernières années de son administration.  « Madame Marie abbesse de Chelles, l’an mil cent quatre vingt et cinq, en ce temps a esté faite la translation de Madame saincte Bertille, premiere abbesse de ce monastere Notre-Dame de Chelles sainte Beaulteur »

Un parchemin déposé dans cette châsse, en l’an 1185, rapportait que la translation avait eu lieu le 26 mai sous Philippe-Auguste ; que l’évêque de Paris, Maurice de Sully, présida à cette cérémonie au milieu du grande affluence de fidèles, en présence de Marie de Duny, abbesse, Émeline, trésorière, d’Adélaïde d’Anet et de plusieurs autres personnes de qualité.

On fit donc l’ouverture du sépulcre  qui se trouvait sous l’église Saint-Georges; on recueillit les ossements sacrés, avec les habits de la sainte partiellement réduits en poussière; on transporta solennellement la châsse dans la grande église où elle fut placée à côté de celle de sainte Bathilde.

Marie Iere de Duny mourut vers l’an 1190 laissant sa communauté dans une grande paix et dans une réputation de ferveur et de sainteté.

 (DOM PORCHERON, bibliothèque diocésaine de Meaux, TR 436.34. 326).

 (BERTHAULT, l’abbaye de Chelles, résumés chronologiques)

(L’ABBÉ C.TORCHET, Histoire de l’abbaye royale Notre-Dame de Chelles)